La rentabilité du temps de travail

norma serraIl existe trop de fantasmes en France autour du rôle des entreprises. L’objectif d’une entreprise est-elle de rendre les salariés heureux, de rendre les clients heureux, de faire du mécénat, de se préoccuper du développement durable ?

Absolument pas!

 

Le seul objectif d’une entreprise, le premier, le fondamental, est de produire de la valeur.

Le reste en découle. C’est quand on produit de la valeur, et une valeur pour laquelle quelqu’un est prêt à payer, qu’on peut entreprendre des actions pour rendre heureux ses salariés, ses fournisseurs, faire du mécénat, cultiver des petites fleurs… sans oublier de rendre également heureux le dirigeant, thème très peu traité dans les écrits, comme si contrairement aux salariés le dirigeant n’avait besoin de rien de plus que d’être payé :)

Et c’est pour cela que les dirigeants, et en particulier ceux qui produisent de la valeur essentiellement grâce à leurs équipes et non leurs machines-outils, se concentrent sur la rentabilité de leurs salariés.

Or la présence quotidienne, ponctuelle, bienveillante, souriante même d’un salarié, n’est pas suffisante pour s’assurer de la rentabilité des actions.

C’est pourquoi dès l’origine de ma société, j’ai mis en place un outil de suivi des activités de l’équipe, voire même des sous-traitants, afin de piloter cette productivité. Chacun indique au fur et à mesure de la journée sur quoi il travaille, sur quel dossier, avec quel client, pendant combien de temps et avec quel résultat.

Cet outil a plusieurs avantages :

Paradoxalement, c’est un avantage pour l’ambiance au sein de l’entreprise : l’existence de cet outil permet au salarié de travailler en toute autonomie, sans que j’aie à intervenir ou à lui rappeler en permanence ce qu’il a à faire. Je peux consulter si nécessaire ses actions, mais je n’ai pas à lui demander de rapport, de synthèse, de comptes…

Tout est indiqué dans l’outil. L’ambiance est donc détendue, nous n’avons à travailler que sur des écarts éventuels ou des dysfonctionnements.

C’est également un avantage pour moi pour piloter l’activité : je sais en moyenne combien de temps les salariés travaillent sur des contrats, je peux voir quel contrat est rentable ou pas.

Autre intérêt, j’ai eu un salarié qui, sans s’en rendre compte, passait trop de temps sur l’interne et la veille technologique et pas assez chez les clients. Lorsque je lui en ai fait la remarque, sa première réaction a été de dire « mais je fais mes heures ! ».

J’en ai convenu, et lui ai simplement indiqué de « faire ses heures » en prenant plus d’appels clients ou d’interventions chez les clients, afin de prendre une part plus grande aux tâches qui font vivre l’entreprise. Nous sommes ainsi rapidement tombés d’accord, sans stress de part et d’autre, et la tendance s’est inversée en moins d’un mois (à la grande satisfaction également de ses collègues…)

Enfin, lorsque l’équipe se trouve débordée, je regarde la moyenne de temps d’intervention sur les contrats, et soit j’en déduis qu’il est temps de recruter, soit au contraire, je donne des éléments objectifs à l’équipe pour qu’on découvre ensemble d’où nous vient cette impression…

Bref, cet outil que j’apprécie est la base non seulement de la gestion de l’entreprise, mais également le socle du sentiment d’équité et de sérénité pour les salariés et pour moi-même.